Ce chapitre est dédié aux débats autour de la notion de multiplicateur et de la possibilité de « stimuler » l’économie (pump priming), qui prennent une grande importance avec la crise économique américaine de 1937-1938.

C’est dans ce contexte que l’étude de l’interaction entre l’accélérateur et le multiplicateur conduit à l’un des modèles de cycle économique les plus connus, le modèle multiplicateur-accélérateur de Paul Anthony Samuelson. Samuelson élabore ce modèle à la suite de discussions avec Alvin Hansen, un modèle qu’il voit comme la continuité du débat Clark-Frisch (voir chapitre 4) et une introduction à l’analyse macro-dynamique de Tinbergen. Il présente un modèle mathématique entièrement fonctionnel, intégrant deux des mécanismes les plus centraux de la dynamique économique, en le complétant par des simulations numériques et l’identification de différentes régions de stabilité basées sur deux paramètres clés : la propension marginale à consommer et la propension marginale à investir.

À l’instar des modèles développés par Kalecki, Tinbergen et Frisch, ce modèle porte une vision spécifique dont l’originalité est de donner un rôle particulier aux dépenses publiques, une vision profondément enracinée dans les événements économiques de la fin des années 1930. Cette vision est directement liée aux travaux de Hansen développés à cette époque et à son explication de la récession soudaine de 1937, ainsi qu’aux débats entourant le rôle de la politique budgétaire en tant que mesure contracyclique, outil de stimulation ou remède permanent. À une époque où les effets des dépenses publiques sont discutés en relation avec l’effet d’éviction des taux d’intérêt, Samuelson se concentre sur de nouveaux mécanismes responsables des dépressions.

Schelling s’attaque au dogme de la stabilité de Samuelson

The Amazing Alvin Hansen – Part 2/2 : 1938-1965

Amorcer la pompe: les leçons du modèle accélérateur-multiplicateur de Samuelson de 1939