Ce livre offre une nouvelle perspective sur l’histoire des débuts de la macroéconomie, en examinant les modèles macro-dynamiques développés de la fin des années 1920 à la fin des années 1940, et leur traitement de l’instabilité économique. Le livre offre un nouveau récit de la naissance de la macroéconomie, loin des histoires habituelles centrées autour de Keynes, et redonnant toute leur ampleur aux idées économiques présentées par les pionniers de la Société d’Économétrie.
Le livre explore d’abord les différences et les similitudes entre les premiers modèles mathématiques de cycles économiques développés par Ragnar Frisch, Michal Kalecki, Jan Tinbergen et d’autres, qui étaient présentés lors des réunions de la Société d’Économétrie et discutés dans des correspondances privées. Ce faisant, il démontre la diversité des modèles représentant les phénomènes économiques et notamment les crises et l’instabilité économiques.
Jan Tinbergen apparaît comme l’un des économistes les plus originaux et les plus marquants de cette période, avant de devenir un chef de file du mouvement macro-économétrique, rôle pour lequel il est mieux connu. Son insistance sur la politique économique est ensuite reflétée aux États-Unis dans les premiers travaux de Paul Samuelson sur l’analyse des cycles économiques, qui, en s’inspirant d’Alvin Hansen, visaient à interpréter la récession de 1937-1938.
Les auteurs montrent ensuite que le glissement ultérieur de l’approche de Samuelson, de l’étude des trajectoires conjoncturelles à la comparaison des points d’équilibre, a apporté une réponse à la critique des économètres envers les premiers modèles keynésiens. Au début des années 1940, Samuelson a su lier les outils développés par les économètres et le contenu économique qui était au cœur de la révolution dite keynésienne. Le problème s’est alors déplacé des trajectoires conjoncturelles vers le déséquilibre entre les agrégats économiques, et les enjeux posés par la stabilité globale de l’équilibre de plein emploi. Le sujet est ensuite abordé par Oskar Lange, qui présente une analyse des échecs de coordination des marché, et Lawrence Klein, le premier doctorant de Samuelson, qui poursuis des travaux empiriques dans cette direction.
En prêtant attention aux activités de différents groupes de recherche qui ont construit des modèles concurrents de l’économie au cours de cette période, ce travail montre les différents usages des modèles : ils véhiculent une vision particulière formulés par ces économistes, et contribuent à façonner le monde lorsqu’ils influencent les politiques économiques. En mettant en lumière les différentes visions et approches qui sont ancrées dans ces modèles, l’ouvrage montre que leur originalité doit intéresser les modélisateurs d’aujourd’hui intéressés par l’histoire de leur pratique, ainsi que les étudiants et toute personne intéressée par la façon dont les nouvelles idées économiques viennent à se développer.
Ce livre est publié (en anglais) par Springer en 2022.